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porquerolles | ||
La brise est fraîche encore et légère : la place Livre son sable fauve au sommeil immobile, Et les eucalyptus agitent leurs feuillages Où des milliers d'oiseaux joyeusement pépient. O jour ami, sous ma fenêtre, le cheval Aveugle tourne à pas résignés son manège ; Et, déchirant le cieil de satin virginal, Filent, ciseaux crissants, d'affolées hirondelles. D’effroi, s’élance en des venelles L’essaim moqueur des Isabelles ; Le soir qui flue entre les branches Drapait leurs insolentes hanches. En mer, lac émaillé de turquoise, se jouent Des barques inclinées, vols blancs, jaunes et roux, Sur la frise azurée du continent lointain. Et, conspuant les citadines puanteurs, Seul dans ma joie j'aspire, insulaire matin, Le parfum printanier des acacias en fleur. | ||
theo varlet (1878-1938). Aux iles bienheureuses. (1924). |
iles du levant | ||
O royaume secret d'antique solitude ! Sous le boix merveilleux et l'asile balancé, Le hamac, au remous de la brise nocturne, Emporte mon sommeil en songes d'Odyssées. La mer, au long de l'Ile, fraternelle, murmure; Seuls les rauques goelands tournent, aux promontoires; Et mes yeux mi dormants guettent, dans les ramures Sacrées, l'ascension sereine des étoiles. - Mais, cri joyeux des hirondelles en amour, Voici l'aurore... Et, à la proue fraîche du jour, Monte encore un soleil de l'Eden enchanté. Terre ! Debout ! Et ma pirogue amarrée plane Sur les bruyères, entre les pins; Et les cigales Pour mon réveil secouent tes grelots d'or, Eté ! | ||
. Aux iles bienheureuses. (1924). |
sieste nocturne | ||
Mon hamac de minuit bercé dans la nuit chaude Où vibre un tintement cristallin de grillon, Je veille !.. A moi, magique insomnie ! Oublions Le zéphyr en amour du bel été qui rôde. Au ciel sacré, trouant les feuillages d'églogue, Je cueille, vers-luisants, les constellations ; Et, me gonflant de surhumaine passion, Le vent de l'Infini soulève ma pirogue. Avec tout ce qui vit, je dérive, emporté, Animalcule, atome, au versant de la Terre Que roule, extasiée, la ronde planétaire ; Et la nuit sidérale, avec la Voie Lactée Aux milliards de soleils — l'universelle Sphère — Vire, sur l'idéal essieu de la Polaire. | ||
. Ad astra. (1929). |
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electricien a paris 29/03/2015 12:03